
Interview de Jérôme Huberlant
Témoignage de M. Jérôme HUBERLANT, chef d’entreprise et exploitant-scieur dans l’Aisne, dont l’activité est significativement conditionnée à la ressource en frêne.
Juillet 2019
La société HUBERLANT située sur la commune de Cormicy, dans le département de la Marne, et limitrophe au département de l'Aisne. Cette entreprise familiale créée en 1989 est aujourd'hui dirigée par Michel HUBERLANT et ses fils. La scierie compte aujourd’hui environ 30 salariés et transforme chaque année environ 37 000 m3 de feuillus de la Région. Le chêne, le hêtre, le frêne, le peuplier sont les principales essences.
Depuis l’apparition de la chalarose, avez-vous augmenté les volumes de frêne sciés dans votre entreprise ?
Nous avons multiplié environ par 2 le volume de Frêne mobilisé depuis l’arrivée de la Chalarose. Nous avons exploité l’année passée un volume de Frêne de l’ordre de 14 000 m3 et sciés un volume de 7 000 m3.
Malgré l’augmentation des volumes mis sur le marché, les cours se maintiennent voire progressent sensiblement.
Quelles en sont les raisons selon vous ?
Le Frêne est un bois de qualité. Il a de nombreux atouts. C’est un bois de couleur claire, facile à travailler, et qui a une bonne résistance mécanique. Il est bien adapté à l’ameublement.
C’est un bois dont il faut faire la promotion. Le Frêne bénéficie d’un effet de mode : le bois cérusé. Il s’agit de bois « nettoyé » sur lequel on applique une pâte de différents coloris.
Quels sont, selon vous les principaux acheteurs de cette ressource ? Et pour quelles utilisations ? Comment expliquez-vous la demande de bois moyens de frêne (diamètre 30/35 cm) demande qui était inexistante il y a encore quelques années ?
Les bois de qualité dit de « tranchage » sont destinés à la fabrication de plaquage utilisés par les marchés asiatiques et du Nord de l’Afrique.
Il existe aussi un marché de sciage de produits « Haut de gamme » (bois thermochauffé, production de manches) destinés à l’Europe. Il représente moins de 10% des volumes commercialisés.
Pour les bois de qualité dit de « sciage », la scierie Huberlant transforme environ 40% du volume. Les sciages sont exportés essentiellement vers l’Asie.
Le volume restant est exporté en bois rond vers l’Asie également et en particulier le Vietnam qui est l’une des capitales mondiales du meuble actuellement.
Selon, quelles sont les différentes hypothèses quant à l’orientation du marché à moyen terme ? Pensez-vous pouvoir augmenter votre capacité de sciage ?
Malheureusement nous n’augmenterons pas notre capacité de sciage de frêne car dans les années à venir nous aurons une baisse de la matière. Nous baisserons le commerce de grumes et nous maintiendrons le volume scié actuellement.
Nous commençons à proposer des essences substituables à nos clients comme un mixte de feuillus blancs (peuplier) et feuillus durs (charme).
Que pensez-vous du projet CHALFRAX et qu’attendez-vous de l’expertise délivrée ?
Le frêne est un bois remarquable aux qualités tant mécaniques qu’esthétiques, qu’il n’est plus nécessaire de démontrer. En cela, il mérite que des démarches à l’image de CHALFRAX lui soient consacrées.
Les travaux menés en faveur de la survie du frêne et la création de variétés résistantes, nourrissent l’espoir de pouvoir transmettre aux générations futures de nouvelles perspectives pour cette belle essence.
Par ailleurs, la mobilisaion des acteurs de la filière représente un bel exemple de mutualisation des forces au profit de l’intérêt collectif, qui doit être riche d’enseignements pour traverser les crises actuelles et à venir.