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Interview de Christophe Pichery

Interview de Christophe Pichery, expert forestier à la SAS Arbres & Forêts Expertises à Langres.

Novembre 2017.

Comment les propriétaires semblent percevoir la Chalarose ?

Les réactions des propriétaires sont très différentes.

Nous avons d’un côté ceux qui sont très proches de leur parcelle, très interventionnistes, qui ne veulent pas aborder les notions de gestion du risque. Il sont plutôt dans un principe de précaution absolu, et face aux projections parfois sombres, ils préfèrent récolter et mettre à l’abri leur capital financier, quitte à opérer à des sacrifices d’exploitabilité parfois importants.

De l’autre côté, nous avons des propriétaires plus distants, plus attentistes, qui sous-estiment parfois la virulence du champignon.

Notre rôle est de délivrer un conseil adapté au contexte particulier de chaque forêt, autant que possible : place du frêne dans le patrimoine, degré d’atteinte, effort de renouvellement déjà consenti par ailleurs, etc.

Avez vous mis en place au sein de votre cabinet des directives de gestion pour les frênaies ? Si oui, lesquelles ? Sinon, pourquoi ?

Notre cabinet est spécialisé dans le traitement irrégulier des peuplements forestiers. Le martelage est donc pour nous la pierre angulaire d’application de nos principes de gestion.

Ce sont donc avant tout les principes de martelage qui ont été adaptés pour intégrer cette variable supplémentaire : diagnostic préalable avant martelage (avec appui du DSF si besoin), travail en été, lecture attentive des houppiers, valeur potentielle de la tige, etc.

Une surveillance particulière est également mise en place, avec une visite tous les deux ans maximum pour les parcelles concernées.

La plus grosse inquiétude pour nous demeure clairement les peuplements monospécifiques de frêne, où les marges de manœuvre sont étroites.

Depuis la Chalarose, les volumes de frênes commercialisés par votre structure ont-ils évolués ?

Ils ont nécessairement évolué à la hausse en Val-de-Saône, dans le Perthois et dans le nord Marnais. Mais dans des proportions qui, pour l’heure, demeurent encore raisonnables.

Mais je ne sais pas si cela pourra durer.

Observez-vous une évolution sur la demande (quantité, qualité, prix) du frêne ?

Réellement, c’est difficile à dire.

Lorsque, localement, un gros volume de frêne est mis en vente par l’ONF ou un confrère, il peut y avoir un tassement de 15 à 20 % des prix habituels, puisque le marché, contrairement au chêne par exemple, n’est pas vraiment extensible.

Mais nous observons que les plus gros facteurs de variation du prix du frêne sont actuellement et avant tout les questions de commerce avec l’Asie et de coût du fret maritime.

Qu'attendez-vous du programme Chalfrax ?

A court terme, j’attends surtout que le programme nous apporte une meilleure fiabilité des scénarios probables d’évolution de la maladie en fonction des facteurs multiples propres à chaque contexte. Ceci, afin de pouvoir conseiller le plus judicieusement possible nos clients.

A moyen terme, j’espère qu’il permettra de trouver (ou créer) les souches de frêne résistantes à cette pathologie.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Wokan, CRPF Grand Est.